Dans un récent épisode du podcast Augmented Ops, Erich Barnstedt, expert en IoT industriel avec plus de vingt ans d'expérience à Microsoft, souligne la nécessité de normaliser les protocoles de données industrielles afin d'assurer l'interopérabilité entre les différents systèmes de production. La discussion, intitulée "Interopérabilité des données industrielles", se penche sur les forces qui façonnent ces normes et sur le rôle essentiel qu'elles jouent dans la mise en œuvre de transformation numérique à grande échelle.
En expliquant la manière dont les normes ont été élaborées et mises en œuvre dans l'industrie, M. Barndstedt souligne que la voie vers une véritable interopérabilité des données dans la fabrication est pavée de défis, mais qu'elle est essentielle pour atteindre les objectifs de l'industrie 4.0, à savoir des systèmes de fabrication et d'entreprise entièrement interconnectés.
Le rôle des comités de normalisation
M. Barnstedt souligne le rôle important joué par les comités de normalisation, tels que la Fondation OPC et le comité technique OASIS MQTT. Ces comités, composés d'experts de l'industrie, d'éditeurs de logiciels, de technologues et d'autres parties prenantes, sont les creusets où se forge l'avenir des protocoles de données industrielles. Leur travail implique à la fois la création de nouvelles normes et la tâche critique de mettre à jour et d'affiner les normes existantes pour répondre aux demandes en constante évolution des utilisateurs finaux dans l'industrie.
En tant que membre de longue date du conseil consultatif technique de la fondation OPC, M. Barnstedt a une grande expérience du fonctionnement interne de ces groupes. Lorsqu'on lui demande comment ils fonctionnent, il décrit les comités comme un champ de bataille d'idées, où les détails techniques sont tout aussi importants que les objectifs généraux de la spécification. Pour le meilleur ou pour le pire, les discussions et les débats au sein de ces groupes ne sont pas toujours motivés par les besoins des utilisateurs finaux, mais peuvent être influencés par les intérêts stratégiques des fournisseurs de logiciels qui siègent au comité. Ce sont ces intérêts qui façonnent les normes, avec l'objectif déclaré de créer des spécifications robustes, polyvalentes et capables d'assurer une véritable interopérabilité entre divers systèmes.
Comment les normes favorisent l'interopérabilité
L'interopérabilité entre les systèmes de fabrication et d'entreprise est un principe central de l'industrie 4.0, qui promet des gains significatifs en termes d'efficacité et de compétitivité pour les entreprises qui sont en mesure d'y parvenir. Les protocoles normalisés de transport de données agissent comme un langage commun, permettant à des systèmes disparates de se comprendre et de partager des informations. M. Barnstedt fait remarquer que "tout le monde peut construire un flocon de neige. Construire un flocon de neige est facile. Mais il ne fonctionnera avec rien d'autre". Sans ces normes, le rêve d'un système de production entièrement intégré devient une tâche beaucoup plus difficile et coûteuse, car chaque fabricant serait seul pour les développer avec ses ressources internes.
Comme l'explique M. Barnstedt, les implications pratiques des normes pour les fabricants et les éditeurs de logiciels sont immenses. En établissant un cadre commun pour l'interopérabilité, les normes ouvertes permettent aux fournisseurs de se concurrencer sur le même marché, ce qui les pousse à améliorer constamment la qualité de leurs produits et services. Cette concurrence stimule l'innovation, ce qui se traduit en fin de compte par une meilleure expérience pour les utilisateurs finaux. Pour les fabricants qui sont les utilisateurs finaux d'outils construits sur ces normes, l'interopérabilité offerte leur permet d'intégrer rapidement de nouvelles technologies et de nouveaux processus sans se soucier des problèmes de compatibilité. Les normes constituent l'épine dorsale d'un ensemble de technologies de fabrication flexibles, qui permettent aux fabricants de rester souples en réponse aux nouvelles demandes du marché ou aux avancées technologiques.
En fin de compte, ces normes ne visent pas seulement à faciliter la communication entre les différentes machines et les différents systèmes, mais aussi à créer un secteur manufacturier cohérent et unifié. Dans un secteur marqué par un large éventail de systèmes hérités et de technologies de pointe, les normes garantissent que les innovations les plus récentes peuvent être intégrées à l'infrastructure existante, comblant ainsi le fossé entre l'ancien et le nouveau. Cette intégration est cruciale pour l'évolution actuelle de l'industrie manufacturière ( transformation numérique ), car elle ouvre la voie à des opérations plus avancées, fondées sur les données, qui peuvent atteindre le plein potentiel promis par la quatrième révolution industrielle.
Écosystèmes ouverts : L'avenir de l'interopérabilité
Comme le souligne M. Barnstedt tout au long de l'épisode, "l'ère des écosystèmes cloisonnés est révolue". Historiquement, les fournisseurs ont construit leurs produits sur la base de spécifications propriétaires, ce qui limite les entreprises à construire leur pile technologique avec les seuls logiciels spécifiquement pris en charge par le fournisseur qui a développé la spécification. Il préconise au contraire l'adoption de spécifications et de protocoles non propriétaires, qui facilitent l'interopérabilité des données et l'intégration des systèmes, impossibles à mettre en place avec des architectures fermées. Avec une approche d'architecture ouverte, les fabricants peuvent facilement créer des intégrations avec un nombre potentiellement infini de composants tiers.
Cette flexibilité est vitale dans un paysage où la diversité technologique n'est pas l'exception, mais la règle. Une architecture ouverte ouvre également la voie à l'intégration de technologies émergentes (comme l'IA générative ou l'intelligence spatiale) au fur et à mesure qu'elles sont mises en ligne, ce qui permet aux entreprises d'assurer l'avenir de leurs activités dans un secteur manufacturier en évolution rapide.
M. Barnstedt indique clairement qu'il pense que les comités de normalisation et les spécifications qu'ils élaborent joueront un rôle central dans la création de cet écosystème technologique ouvert. En élaborant leurs normes en mettant l'accent sur l'ouverture et l'interopérabilité, ces comités contribueront à créer un écosystème dans lequel les données et les systèmes pourront s'échanger librement. Sans ces normes ouvertes, les fabricants continueront à tourner en rond dans l'enfer de l'intégration alors qu'ils tentent de réaliser les gains promis par l'industrie 4.0.
Interopérabilité des données industrielles
Consultez l'épisode complet du podcast pour en savoir plus sur le fonctionnement interne des comités de normalisation, l'importance de l'interopérabilité et la manière dont ils façonnent l'avenir des opérations de première ligne.